C’est quoi une femme atypique ?

Les termes atypie, femme atypique ou personne neuroatypique fleurissent dans les médias. Mais au fait, c’est quoi une femme atypique ? Peut-on dire que nous sommes tous uniques et donc tous atypiques ? Dans cet article, nous allons tenter de trouver une définition de l’atypie et voir qui sont ces personnes que l’on dit « atypiques ». Les femmes atypiques ont tendance à passer inaperçues. Pourtant, identifier cette différence neurologique est important. Nombre de femmes atypiques connaissent des difficultés dans le monde professionnel. Le livre Femme atypique d’Élodie Crépel leur permet de se situer parmi les 8 profils-types et donne des clés pour trouver le bien-être au travail.

Sommes-nous tous atypiques ?

Tous uniques = tous atypiques

Lorsque j’ai indiqué Lune démasquée | Parcours de femme atypique sur mon profil Instagram, un internaute a réagi à la lecture de ce slogan. Dans une publication, il s’est agacé de rencontrer partout le mot « atypique ». Il a précisé sa pensée : pour lui, nous sommes tous atypiques puisque nous sommes tous uniques. De plus, mentionner une prétendue atypie lui semble prétentieux. Les personnes atypiques voudraient-elles se placer au-dessus des autres ?

Ces questions m’ont fait réfléchir. Et je me suis aperçue que si le terme « atypie » se rencontre souvent sur internet, sa définition n’est pas toujours claire. Nous allons donc apporter ici un éclairage sur ce sujet.

Atypie = neuroatypie

Alors, oui, je suis d’accord avec cet internaute, nous sommes tous uniques. Mais quand on parle d’atypie, il s’agit en réalité de neuroatypie (on parle aussi de neurodivergence ou neurodiversité).

Les personnes atypiques ont un fonctionnement cérébral différent, étudié par les neurosciences.

À l’heure actuelle (la recherche évoluant sans cesse), on distingue 5 catégories de neuroatypies :

  • la douance (haut potentiel intellectuel) ;
  • la haute sensibilité (personnes ultrasensibles ou hypersensibles) ;
  • le TDAH (trouble de déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité) ;
  • les TSA (troubles du spectre de l’autisme) ;
  • les dys (troubles cognitifs de l’apprentissage comme la dyslexie, la dyscalculie…).

Une personne neuroatypique peut présenter une ou plusieurs atypies. Le diagnostic n’est pas toujours facile à faire. Il s’appuie sur des tests psychométriques et des observations cliniques.

On estime que, toutes atypies confondues, 30% de la population serait concernée.

C’est quoi une femme atypique ?

Nous l’avons dit : le cerveau des personnes atypiques fonctionne différemment de celui des personnes « dans la norme », qu’on appelle des individus neurotypiques. La notion de norme est contestable, j’en ai conscience. Disons qu’une personne neurotypique a un fonctionnement neuronal correspondant à celui de la majorité de la population.

Le monde est fait par et pour les personnes neurotypiques.

Cela signifie qu’une personne atypique ne s’y sentira pas toujours à l’aise. Pourquoi ? Parce que son cerveau au fonctionnement hors de la norme perçoit le monde différemment. Les atypiques sont dans le « trop » tout le temps : leur cerveau capte tout de manière très intense et réagit très vite.

Prenons l’exemple d’une femme hypersensible. Elle a une ouïe très affûtée et peut être gênée quand il y a du brouhaha ou des bruits répétés. Elle sera mal à l’aise si elle doit travailler dans un open space : elle entendra le moindre cliquetis sur les claviers, les collègues qui toussent, les rires, les sonneries de téléphone… Tous les sons lui parviennent à volume maximal. C’est l’enfer !

Cette hyperacousie est un réel handicap. Si cette femme n’a pas conscience de son atypie, elle peut en souffrir et se reprocher à elle-même d’être trop sensible, intolérante ou très nerveuse. Elle ne comprendra pas pourquoi les autres tolèrent tous ces bruits et pas elle. Elle prendra sur elle pour ne pas laisser paraître sa gêne, pour se fondre dans la masse et agir comme les autres.

Les femmes atypiques ont des difficultés à repérer leur neurodivergence.

Il y a plusieurs raisons à cela :

  1. Les tests ont été conçus pour des profils masculins. Les filles ont des comportements différents de ceux des garçons. Trop sages, aptes à souffrir en silence, elles n’attirent pas l’attention et échappent aux tests (pour la douance, par exemple, les filles sont trois fois moins testées que les garçons).
  2. Les filles et les femmes utilisent leurs compétences pour s’adapter au monde qui les entoure, voire se suradapter, au prix de nombreux sacrifices. Elles se dévouent aux autres et s’oublient elles-mêmes, au point de nier totalement leurs difficultés.
  3. Les normes socioculturelles et éducatives imposent aux filles des façons d’agir, des règles de conduite tacites. Une femme atypique ne va pas toujours oser affirmer sa personnalité. Elle va préférer se taire et s’adapter, se créer un faux self et porter un masque (toute ressemblance avec le titre de ce blog est purement fortuite logique !).

Pour aller plus loin, découvrez l’article sur le diagnostic de l’autisme féminin.

Femme atypique au travail : comment s’épanouir ?

8 profils de femmes atypiques

Élodie Crépel, co-directrice de l’observatoire de la sensibilité, a consacré un livre aux femmes atypiques, pour les aider à s’épanouir dans le monde du travail.

Femme atypique, livre d'Elodie Crépel, posé sur un fauteuil gris avec une peluche de chouette
Femme atypique – Élodie Crépel – Ed. Jouvence, 2021 – 224 pages

Dans ce livre, l’autrice propose un test pour identifier ses atypies. Elle distingue huit profils, basés sur les recherches récentes. En répondant à des questions simples, chaque femme peut associer sa personnalité et son fonctionnement à un des huit profils et lire le chapitre correspondant.

Le test du livre est juste une indication pour cibler les problèmes rencontrés à un temps t.

Une personne atypique est en constante évolution.

Il est recommandé de s’inspirer des pistes proposées pour comprendre et adapter son comportement professionnel. Puis de consulter un thérapeute pour se faire tester si les difficultés professionnelles ou le sentiment de décalage persistent.

Révéler son trésor intérieur et oser être soi

Le livre Femme atypique est un outil intéressant pour une première prise de conscience. Apprendre à se connaître, à reconnaître son profil atypique sont des étapes indispensables pour pouvoir ensuite se faire diagnostiquer et accepter son atypie (ou ses neuroatypies, s’il y en a plusieurs).

Dans cet ouvrage, Élodie Crépel souhaite donner aux femmes des clés de compréhension. Elle nous montre les atouts dont disposent les personnes atypiques. Il nous faut en prendre conscience, pour reprendre confiance en nous et utiliser ces compétences à leur juste valeur.

Les femmes atypiques ont beaucoup à apporter à l’entreprise. Pourtant, elles ont tendance à cacher ou minimiser leurs ressources.

Les femmes à haut potentiel changent de façon radicale quand elles reçoivent le diagnostic de douance.

Elles osent ensuite dévoiler leurs qualités et utiliser à 100% leurs capacités, se révélant ainsi à elles-mêmes et aux autres. Elles découvrent leurs atouts et en font de vraies forces pour s’affirmer et performer. Beaucoup créent une entreprise (ou plusieurs, car elles ont souvent un profil de slasheuse).

Vous rencontrez des difficultés au travail ? Peut-être avez-vous un fonctionnement cérébral atypique, différent de celui de la majorité des gens qui vous entourent. Renseignez-vous sur les différentes atypies pour mieux comprendre votre fonctionnement et votre personnalité.
Sachez que cette quête d’identité est un long cheminement. Patience et persévérance vous seront nécessaires. Un jour, enfin, vous réussirez peut-être à faire tomber le masque social que vous portez depuis l’enfance.

Pensez-vous être une personne atypique ? Avez-vous reçu un diagnostic ? Racontez-nous votre parcours en commentaire.

Sources :
Êtes-vous une femme atypique ? Interview d’Elodie Crépel sur atypikoo.com
Mais c’est quoi une femme atypique ? Article sur loptismisme.pro

Pour poursuivre votre réflexion, je vous invite à lire :
Mon avis sur Ma famille atypique, le livre d’Elodie Crépel sur le couple et la famille
Hypersensible, comprendre ses émotions pour vivre heureux

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7 Commentaires

  1. Bonjour Natacha,
    Un grand merci pour cet article car jusqu’à aujourd’hui je voyais le terme « atypique » comme une énième particularité qui classait les gens et indiquait une sorte de supériorité.
    Je comprends maintenant que le terme atypique renvoie a un fonctionnement neuronal. Et ça change tout!
    Je ne sais pas si j’ai un mode de fonctionnement atypique mais le sujet m’intéresse sous cet angle de vue.
    Merci à toi pour m’avoir éclairée sur ce sujet.

  2. Merci Marie pour ton intérêt.
    Je pense que beaucoup de personnes ne connaissent pas ce terme dont l’utilisation commence tout juste à se répandre. Je suis contente que mon article puisse apporter un éclairage nouveau et lever ce malentendu.
    Il n’y a pas d’idée de supériorité, comme tu le soulignes. Juste un fonctionnement neuronal différent qui conduit à une perception du monde particulière. Cela peut être un réel handicap au quotidien. Beaucoup de personnes atypiques aimeraient que leur différence soit connue et reconnue. Le monde deviendrait ainsi peut-être plus adapté à tous les modes de fonctionnement et plus tolérant envers tous les formes de handicap, même quand celui-ci est invisible.

  3. Bonjour Natacha
    Je reviens sur cet article car j’ai écoute un podcast sur le sujet récemment et qui m’a beaucoup parlé. Et apporté des pistes et quelque part un peu de sérénité.

    Est-ce que c’est quelque chose dont tu as pris conscience suite à des lectures ?
    Ou Est-ce que tu as fait des tests? Et si Oui lesquels ?
    Merci et beau dimanche.

  4. Bonjour Marie,
    merci pour ton retour et tes questions. De quel podcast s’agit-il ? Cela m’intéresserait de l’écouter.
    J’en ai pris conscience suite à mes lectures, oui. Des articles et des livres sur l’hypersensibilité, l’autisme, la douance… ainsi que l’ouvrage « Femme atypique » d’Élodie Crépel dont j’ai repris le nom. J’aime ce terme générique car je ne sais pas encore quel est mon diagnostic exact.
    Les tests coûtent cher si on les passe chez un thérapeute privé. J’ai donc choisi de m’adresser au CRA (Centre de Ressources Autisme) de ma région. C’est gratuit mais beaucoup plus long. Un véritable parcours du combattant ! J’ai mis plus de deux ans pour obtenir le courrier d’un psychiatre qui a compris ma souffrance, par l’intermédiaire d’un infirmier du CMP. Grâce à eux, j’ai enfin pu contacter le CRA. J’ai reçu un long questionnaire à remplir (juillet 2021) et mon dossier est passé en commission (septembre 2021). Depuis, je suis sur liste d’attente. Au printemps, on m’a dit par téléphone que l’attente était d’environ 1 an pour les adultes : je devrais donc être appelée à l’automne 2022 pour passer les tests.
    Les modalités et les délais varient beaucoup d’une région à l’autre. Dans certaines villes, on peut obtenir un diagnostic chez un thérapeute privé spécialiste du haut potentiel ou des TSA. Mais il y en a très peu près de chez moi (et je ne voulais pas payer pour ça).
    J’espère que tu trouveras des réponses à tes questions auprès d’interlocuteurs compétents. Ce n’est pas facile de faire entendre notre souffrance d’être différentes, en décalage, surtout quand on a appris à masquer parfaitement nos atypies au fil des années. Cette quête d’identité est un vrai défi personnel. Il faut être déterminée pour ne pas abandonner et aller jusqu’au bout (pour ma part, à chaque fois que j’ai voulu baisser les bras, mon corps et mon esprit m’ont fait comprendre qu’il fallait persévérer).
    Bon courage, Marie. Et n’hésite pas à me contacter si tu as des doutes ou des questions.

  5. Je découvre ton blog, et cet article est le premier que je lis. Il m’interpelle beaucoup, je me sens concernée. Ca fait longtemps que je me sens « différente » des autres, sans parvenir à vraiment savoir pourquoi… J’ai toujours eu du mal à trouver ma place dans les
    groupes, à l’école, au travail… Etre en présence de trop de monde me prend toute mon énergie (je suis une introvertie, ça c’est sûr !). J’ai l’impression que je n’arrive pas à avoir des conversations simples et légères, j’ai toujours envie d’aborder des sujets sérieux et profonds avec les gens. J’ai du mal à créer des liens d’amitié, je suis toujours assez solitaire, et j’ai conscience de jouer un rôle en société (ce fameux faux-self !). Je me suis souvent demandée si j’étais hypersensible. Je sais que le bruit me gêne beaucoup, j’ai l’impression d’avoir un odorat très développé aussi, ça me gêne quand je suis dans certains endroits (métro, transports en commun ou tout autre lieu public où il y a du monde), je suis souvent en hypervigilance, je capte toutes les conversations qui se déroulent autour de moi… Je finis souvent mes journées de travail épuisée, et je pense que c’est un épuisement émotionnel, lié à toute cette adaptation et cette négation de mes besoins. Ce qui est difficile, c’est que j’ai l’impression d’être un ovni, je crois que je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme moi. J’aimerais tellement connaître rien qu’une personne qui fonctionne comme moi ! Lire ton article m’a fait du bien, car je me suis dit que je n’étais pas seule… Je ne sais pas si j’aimerais avoir un diagnostic, un terme à poser sur mes ressentis. Hypersensible me va bien, même si je ne suis pas certaine que c’est cela. Femme atypique me plaît beaucoup, j’utiliserais peut-être ce terme à l’avenir ! Ca me donne très envie de lire le livre !
    Je vais aller découvrir tes autres articles !
    Et ce serait un honneur de pouvoir rédiger un article pour toi ( je suis Claire, du groupe des élèves de Lucie Rondelet, je t’ai contactée par message privé pour la rédaction d’un article de mon portfolio 😉 )

  6. Bonjour Claire,
    merci pour ton commentaire. Je suis contente de savoir que mes articles sont utiles.
    Tu sembles avoir une bonne connaissance de toi-même, de tes particularités et de ton fonctionnement. C’est déjà une très bonne chose !
    Je comprends ton impression d’être différente, je l’ai ressentie si souvent (et je la ressens encore régulièrement, même si c’est plus facile à vivre maintenant que j’ai pu mettre en mot mon atypie). Oui, il y a des personnes comme nous !
    L’épuisement est une menace dont il faut apprendre à se préserver, en dosant bien nos dépenses d’énergie et en adaptant notre rythme de contacts sociaux. C’est parfois difficile de refuser de voir des gens ou de partir plus tôt lors d’un événement. Mais quand on sent que les batteries sont vides, il vaut mieux s’éclipser pour se préserver.
    Bonne découverte du blog !

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