Trouble d’anxiété sociale : un handicap invisible ?

Vous avez peur de parler en public ? Vous angoissez à l’idée de passer un entretien d’embauche ? Vous n’aimez pas téléphoner à des inconnus, pour prendre un rendez-vous ou demander un renseignement ? Peut-être souffrez-vous de phobie sociale ou trouble d’anxiété sociale, un handicap qui impacte votre qualité de vie au quotidien. Dans cet article, nous allons passer au crible cette peur des relations sociales, ses manifestations, ses causes et les possibilités de traitement. Pour vous redonner à tous l’envie d’aller sans crainte vers les autres.

Qu’est-ce que le Trouble d’Anxiété Sociale (TAS) ?

Nous avons tous déjà ressenti de l’anxiété face à certaines situations sociales : passer un examen, arriver en retard à une réunion, devoir se présenter à une personne inconnue… L’anxiété sociale est normale.

Qui n’a jamais eu le trac ? Même si son intensité nous paralyse, nous parvenons à l’affronter et à surmonter nos peurs. Le trac diminue pendant l’activité stressante puis disparaît. C’est une anxiété sociale passagère, tout à fait normale et nécessaire.

Cependant, l’anxiété peut devenir une maladie psychique qui perturbe le quotidien.

Pendant leur vie, 15 à 20% de la population seront concernés par un ou plusieurs troubles anxieux :

  • anxiété généralisée ;
  • trouble panique ;
  • phobie sociale ou trouble d’anxiété sociale (TAS) ;
  • phobie spécifique (claustrophobie, agoraphobie, arachnophobie…) ;
  • trouble obsessionnel compulsif (TOC) ;
  • état de stress post-traumatique.

Le Trouble d’Anxiété Sociale (TAS) est aussi appelé phobie sociale. Il s’agit d’une peur du regard des autres, une appréhension du jugement d’autrui ou une crainte face aux situations de compétition. C’est une sorte de timidité extrême, qui impacte lourdement la vie quotidienne. Si vous souffrez de ce trouble, vous allez modifier (consciemment ou non) votre mode de vie pour fuir ou éviter certaines situations sociales.

Comment se manifeste cette peur des situations sociales ?

Le Trouble d’Anxiété Sociale est plus connu sous le nom de phobie sociale. Et comme toute phobie, il est associé à une fuite ou un évitement. Une personne qui a peur des araignées n’ira pas explorer un grenier poussiéreux et prendra la fuite dès qu’une bête à huit pattes apparaîtra devant elle. De la même façon, une personne présentant une phobie sociale est souvent représentée comme quelqu’un évitant les activités de groupe, avec une tendance à s’isoler chez elle, par crainte du regard des autres.

La réalité est plus nuancée.

Les personnes souffrant de Trouble d’Anxiété Sociale ont une peur excessive de certaines situations sociales. La gêne peut se manifester avant, pendant ou après un événement stressant.

Avant un événement social : l’anticipation anxieuse

Comme nous l’avons dit au début de cet article, l’anxiété sociale est un phénomène normal. Avant un événement stressant, toute personne peut ressentir du trac. Vous avez certainement déjà ressenti un ou plusieurs de ces symptômes physiques :

  • votre rythme cardiaque s’accélère ;
  • vous avez les mains moites, vous transpirez ;
  • vous ressentez une oppression dans la poitrine, des crampes d’estomac, des douleurs au ventre ;
  • vous respirez plus vite et votre gorge s’assèche ;
  • vous avez envie d’uriner ;
  • vous tremblez, vos genoux flageolent…

Au niveau psychique, vous avez peur de bafouiller, d’avoir des trous de mémoire ou de ne plus savoir répondre aux questions.

Une personne souffrant de phobie sociale va revivre ces symptômes de façon chronique. Chaque situation sociale lui posera problème. Elle va anticiper plusieurs jours à l’avance et mettre en place des moyens pour éviter l’événement stressant, jusqu’au point, parfois, de se rendre malade pour ne pas y assister.

➡️ Vous êtes une personne HPI ? Découvrez notre article sur la douance et les difficultés relationnelles.

Pendant la situation sociale : quand la phobie sociale vous rattrape

Admettons que vous ayez réussi à vaincre votre appréhension. Vous êtes engagé dans une interaction sociale, par exemple un examen oral, une réunion professionnelle importante, un repas d’affaires… Comment vivez-vous cette rencontre ? Si vous avez éprouvé du trac, celui-ci va rapidement diminuer. Êtes-vous détendu, motivé par les échanges, intéressé par vos interlocuteurs ? Ou êtes-vous constamment en train d’analyser la situation ?

Crédit photo Unsplash : Tengyart

Une personne souffrant de Trouble d’Anxiété Sociale va s’engager dans la discussion, réussir à se détendre, peut-être… avant d’être rattrapée par sa peur des autres. Ce sont alors des questions ou des remarques qu’elle va se faire à elle-même :

  • Je suis nul, je n’aurais pas dû dire ça !
  • Je ne vais pas y arriver !
  • Pourquoi me pose-t-on cette question ?
  • Mince ! Tout le monde me regarde, j’aurais mieux fait de me taire…

Le moindre détail peut donner lieu à des interprétations négatives. Les comportements sont disséqués.

L’examinateur se racle la gorge ? C’est certainement parce qu’il n’apprécie pas ce que vous venez de dire !
Votre collègue tente de détendre l’atmosphère avec une petite blague ? Vous êtes persuadé qu’il se moque de vous…

Vous vous sentez en danger, exposé sans défense au regard et au jugement des autres.

Les personnes souffrant de phobie sociale ont une faible estime d’elles-mêmes. Elles ont des croyances profondes (souvent inconscientes) qui disent qu’elles valent moins que les autres, qu’elles ne sont pas intéressantes, qu’elles n’ont pas le droit de se faire remarquer ou de réussir… Ces croyances entraînent une crainte d’agir de façon inappropriée. Les réactions des autres personnes sont supposées malveillantes : elles vont juger, se moquer, humilier ou se sentir offensées par ce qu’on pourrait leur dire. L’angoisse peut devenir si forte que la personne anxieuse ressent un malaise, veut se cacher ou cherche à prendre la fuite.

Après la rencontre : les ruminations mentales

Le repas d’affaire est terminé, la réunion s’est bien passée, votre oral de bac est derrière vous… Pourtant, l’anxiété sociale ne retombe pas. Elle continue à se manifester après l’événement stressant.

Vous ressentez de l’épuisement, vous avez honte de votre attitude et vous revivez la scène en la décortiquant pour en analyser tous les rouages. Ce sont les ruminations mentales.

Vous pouvez, par exemple :

  • comparer les événements vécus avec une scène similaire de votre passé (pour constater que vous rencontrez toujours les mêmes difficultés) ;
  • avoir l’impression d’un manque d’intérêt de l’interlocuteur (vous êtes moins loquace que votre collègue et vous n’arrivez pas à trouver la répartie idéale pour montrer votre perspicacité) ;
  • sentir un décalage entre votre prise de parole et celle d’une autre personne (vous êtes moins intéressant, vous avez dit des bêtises…) ;
  • revivre la scène en imaginant ce qu’elle aurait dû être dans un scénario idéal (vous aviez parfaitement rédigé et appris vos fiches de révision mais vous avez été incapable d’en réciter le contenu pendant l’examen) ;
  • imaginer la suite de cette interaction sociale en élaborant des scénarios catastrophiques (vous allez être viré parce que votre prestation orale ne reflétait pas vos compétences réelles)…

Ces ruminations mentales vont venir étayer les croyances que vous avez sur vous-même. Elles vont également renforcer votre trouble d’anxiété sociale : pour ne pas revivre une telle gêne, vous risquez de mettre en place des stratégies inconscientes pour éviter ce type de situation à l’avenir. Peu à peu, vous allez vous isoler et entrer dans un cercle vicieux. Moins vous côtoyez les autres, plus vos peurs vont devenir irrationnelles, envahissantes et excessives. Vous perdez confiance en vous et en vos capacités. Votre anxiété devient chronique, handicapante et peut mener à une dépression.

Écrire un journal intime peut vous aider à poser vos difficultés sur le papier pour prendre du recul.

Quelles sont les causes de la phobie sociale ?

Comme tous les troubles anxieux, la phobie sociale a des causes multiples :

  • risque familial (si une personne de votre famille en souffre, vous avez plus de risque d’avoir un Trouble d’Anxiété Sociale) ;
  • perturbation du taux de cortisol, hormone du stress ;
  • perturbation des neuromédiateurs ;
  • éducation et environnement pendant l’enfance (si vos parents vous surprotégeaient et que vous aviez peu de contacts avec l’extérieur dans l’enfance, vous êtes plus susceptibles de développer une phobie sociale) ;
  • expérience traumatisante liée au regard et à l’évaluation d’autrui.

Malgré les nombreuses études sur le sujet, il est difficile de connaître l’origine exacte du Trouble d’Anxiété Sociale. Certaines personnes qui en souffrent étaient timides dans l’enfance, d’autres non.

Trouble anxieux : quels traitements ?

Sans action thérapeutique, les personnes souffrant de trouble d’anxiété sociale risquent de développer des stratégies de fuite ou d’évitement, de s’isoler du monde, ce qui aura un impact négatif sur leur qualité de vie. Plusieurs pistes de traitement peuvent leur être proposées :

  • thérapie d’exposition aux situations redoutées ;
  • thérapies comportementales et cognitives pour identifier les pensées, émotions et croyances associées à la phobie sociale ;
  • thérapies d’affirmation de soi pour exprimer opinions et sentiments sans anxiété.

Des techniques complémentaires peuvent être associées aux thérapies :

  • relaxation pour la détente musculaire et la respiration ;
  • art-thérapie pour fournir à l’inconscient un mode d’expression alternatif à la parole ;
  • hypnothérapie afin de diminuer l’anxiété et de favoriser une auto-guérison du cerveau.

Enfin, des médicaments anti-dépresseurs peuvent être prescrits quand les symptômes physiques sont trop envahissants. Les anxiolytiques fournissent une aide ponctuelle mais ils sont à utiliser avec modération pour ne pas renforcer les comportements d’évitement.

La phobie sociale est un handicap qu’il ne faut pas minimiser. Si vous ressentez un impact durable sur votre vie sociale, il ne s’agit plus seulement de timidité ou de trac.

Avez-vous peur d’être observé par les autres ? Êtes-vous inquiet à l’idée de ce qu’ils vont penser de vous, de vos paroles ? Évitez-vous certaines situations sociales (réunions, appels téléphoniques…) ? Êtes-vous sujet aux ruminations mentales ? Vous sentez-vous « nul » ou rejeté par les autres ?

Devant de telles manifestations anxieuses, il est conseillé de consulter un psychiatre ou un psychologue. Ce professionnel pourra poser un diagnostic et vous aider à entamer une thérapie. En travaillant sur l’estime de soi, il vous permettra d’améliorer vos relations sociales et votre qualité de vie. Si l’anxiété sociale est un handicap réel, elle n’est pas une fatalité.

Sources :
Passeport Santé / Apprendre les TCC / Anxiété.fr / Le manuel MSD / Ameli.fr



Vous pourriez également être intéressé par cet article :
Souffrez-vous de traumatisme ? Si vous avez des douleurs inexpliquées, vous souffrez peut-être de traumatisme sans le savoir. Le corps garde la mémoire de l’exposition, plus ou moins consciente, aux traumas.

Partagez cet article :

A lire également

2 Commentaires

  1. Article très intéressant avec de bonnes pistes pour traiter cette problématique.
    Je suis passée par là, même si à l’époque ça n’avait pas de nom. J’ai fait une thérapie avec un comportementaliste (ça s’appelait comme ça à l’époque aussi!) qui m’a énormément apporté.
    Alors je reste réservée et plutôt timide mais ce n’est plus un handicap au quotidien!
    Merci Natacha de parler de tout ça de manière fluide et compréhensible pour tous

  2. Merci pour ton témoignage, Marie. C’est une bonne chose de réussir à trouver un thérapeute compétent, avec qui le contact est bon pour réussir la thérapie.
    J’ai changé de psychologue récemment pour me tourner vers les TCC. J’espère que cela m’aidera à avancer.
    Je suis contente de savoir que l’anxiété sociale n’est plus un handicap pour toi, Marie. On peut toujours progresser, pas à pas, pour aller davantage vers les autres. Le souci pour moi, ce sont surtout les ruminations mentales qui suivent certains événements sociaux. Si je pouvais débrancher mon cerveau, parfois, ce serait bien…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *