6 critères pour un bon roman ?

Vous êtes lecteur ou lectrice ? Auteur ou autrice ? Vous aimez écrire pour le plaisir d’aligner des mots sur le papier ? Vous passez vos soirées à lire des romans et vous êtes souvent déçu par la qualité du livre que vous avez en main ? Le choix serait plus simple si vous saviez comment trouver d’excellents livres à lire ou quelle “recette” utiliser pour écrire un bon roman. Nous allons ici nous pencher sur la question. Qu’est-ce qu’un bon roman ? Est-ce ce best-seller feel good vendu à des millions d’exemplaires ? Ou ce premier roman policier d’un jeune auteur dont le style et l’intrigue sont salués à l’unanimité par les lecteurs et les critiques littéraires ? Quels sont les critères pour repérer un bon livre ? Vous allez découvrir que cet objet littéraire est une perle rare… qui n’existe pas !

1. Un bon roman : une intrigue forte et des coups de théâtre 

L’intrigue, c’est le fil directeur du roman, sa colonne vertébrale. Sans intrigue, il n’y a pas d’histoire. Qu’elle soit basée sur une enquête policière, une énigme à résoudre, une relation qui se noue, une rupture, une guerre ou une quête initiatique, l’intrigue tient le lecteur en haleine. Il veut connaître le fin mot de l’histoire, assister à la rencontre, découvrir la solution, résoudre le mystère ou assister à la victoire du héros.

Une machine à écrire avec une feuille blanche sur laquelle il est écrit : investigation.
Mener l’enquête et captiver le lecteur.

À cette ligne directrice principale viennent se greffer des intrigues secondaires : 

  • histoire d’amour ou d’amitié ;
  • révélation d’un secret de famille ; 
  • combat entre deux clans ; 
  • trahison inattendue ;
  • maladie grave ;
  • déchéance du héros ; 
  • création d’une œuvre d’art ;
  • rencontre entre deux personnages d’un roman choral…

Pour maintenir l’intérêt du lecteur, des péripéties doivent survenir tout au long du récit. Indices, traquenards, fausses pistes, trahisons… Un roman haletant a toutes les chances de devenir un excellent page turner.

Surprendre son lecteur est une politesse.

Bernard Werber

2. Des personnages aux multiples talents

Un bon roman, ce sont également des personnages bien construits. Chacun d’entre eux doit avoir sa propre voix, son caractère, ses habitudes, sa façon de s’exprimer. Les dialogues, s’il y en a, doivent être crédibles et paraître naturels. 

Le personnage principal est évidemment un élément-clé. Ce héros ー ou cette héroïne ー a un problème à régler et nous entraîne dans son sillage. S’il a un handicap, nous pensons qu’il ne parviendra jamais à s’en sortir. Nous tremblons avec lui face à ses opposants. Il va peut-être livrer bataille (contre un ennemi ou contre une maladie) pour évoluer. Plus le méchant en face de lui est fort, plus l’intérêt du lecteur est grand.

Le danger amène le héros à révéler ses talents cachés. Va-t-il parvenir à mener sa quête jusqu’au bout ? S’il frôle la mort ou s’enfonce dans la solitude, s’il rencontre des obstacles inattendus, nous nous passionnons pour son histoire. 

Amis ou ennemis, les autres personnages apportent des interactions sociales et des péripéties. Bien étudiés, bien mis en scène, chacun d’entre eux contribue à rendre un roman cohérent et passionnant.

Un bon romancier ne guide pas ses personnages. Il les suit.
Un bon romancier ne créé par les événements de son histoire, il les regarde se dérouler et ensuite il les écrit.
Un bon romancier finit par réaliser qu’il est secrétaire et non pas Dieu.

Stephen King

3. Un style littéraire soutenu par des choix narratifs

Qui sont vos écrivains préférés ? Qu’aimez-vous dans leurs livres ? Leur univers romanesque, certainement. Et leur plume, j’imagine. Vous aimez retrouver leur style d’écriture au fil de leur œuvre littéraire. Vous constatez d’ailleurs peut-être que leur mode d’expression évolue avec le temps.

Le style littéraire est la touche personnelle de l’écrivain, sa façon d’agencer les mots comme un peintre pose ses couleurs sur la toile. Phrases courtes ou longues, incises, ponctuation, dialogues… Chaque romancier ou romancière a sa propre façon de faire valser les phrases.

Un main qui écrit sur une feuille avec un porte-mines
Pour Haruki Murakami, écrire un (bon) roman demande du talent, de la concentration et de l’endurance.

La traduction ajoute une dimension supplémentaire, la patte du traducteur. Lire en version originale permet de supprimer ce filtre. C’est idéal si votre niveau de langue le permet (à moins d’être bilingue, il vous sera difficile de lire en VO un roman japonais ou un polar suédois).

Tout romancier, débutant ou non, se trouve confronté à la question du point de vue de narration. Le narrateur est-il un observateur extérieur omniscient ou l’un des personnages ? Quel pronom personnel choisir : il/elle, je ou tu ? Ce choix est essentiel. Il faut trouver la bonne distance narrative et la conserver tout au long du roman, afin qu’elle reste invisible pour le lecteur. 

Parole d’autrice
Lors de l’écriture de mon premier roman, j’ai choisi de prendre le point de vue de Lisa, l’héroïne de l’histoire. Dans un des chapitres, Lisa est agressée par un homme. Pour créer une tension dramatique, j’ai écrit la scène en plongeant le lecteur dans les pensées (cyniques et violentes) de cet agresseur.
Heureusement, un de mes bêta-lecteurs m’a mise en garde : ce passage n’était pas cohérent. Puisque j’avais fait le choix d’une narration focalisée sur Lisa, je devais conserver son point de vue narratif dans tout le roman. J’ai donc réécrit la scène sous l’angle de la victime, avec ses pensées, son regard… et sa peur. 

➡️ Vous souhaitez lire cette scène et connaître l’histoire de Lisa ? Savourez La douce amertume du café 

4. Des thèmes qui nous touchent

Les questions abordées dans le roman doivent toucher les lecteurs : amour, identité, famille, communauté, réussite, difficultés… Plusieurs thèmes peuvent être développés par l’auteur, à condition de ne pas trop s’éparpiller. Toute scène doit avoir une raison d’être pour faire avancer l’intrigue. Attention à ne pas étaler sa science ou utiliser ces pages romanesques comme une tribune de libre expression ! Certains romans ressemblent parfois à des essais sur des sujets politiques ou de société.

C’est toute la subtilité de l’écriture : faire passer un message tout en conservant la dimension narrative et l’intérêt du lecteur. À ce sujet, le roman historique est vraiment spécifique : l’auteur doit veiller à marier subtilement la réalité historique et la fiction, en s’appuyant sur une documentation précise. C’est un exercice de haute voltige !

La lecture est source de plaisir. Si le lecteur s’instruit et apprend de nouvelles choses, c’est un bonus non négligeable pour lui. Un roman peut également nous faire réfléchir, nous apporter un regard nouveau ou surprenant sur une question de société. 

Parole de lectrice
Je pense à cette magnifique histoire d’un thanatopracteur amoureux de la vie, qui s’engage dans un road-trip étonnant vers la Suisse pour y emmener un vieil homme désireux de choisir sa mort. Des sujets graves comme l’autonomie des personnes âgées et l’accompagnement des défunts vers leur dernière demeure sont abordés dans ce livre avec sympathie, optimisme et humanité par un auteur talentueux. Cette pépite que j’aurai plaisir à relire, c’est Le reste de leur vie de Jean-Paul Didierlaurent. 

5. Un voyage dans l’espace et le temps

Le temps est une dimension importante dans un récit : temps de conjugaison (passé , présent, futur) et temps narratif. Le récit doit se dérouler sans encombre et les actions se succéder sans heurts. Des sauts dans le passé ou flashbacks sont possibles. Des anticipations de l’avenir également, si le lecteur n’est pas perdu en route. La lecture doit être fluide, aisée, sans retour en arrière. 

De la même façon, un bon repérage dans l’espace est un élément essentiel. Certains romans vous emmènent dans des lieux connus. D’autres, au contraire, préfèrent inventer de nouveaux mondes. Comme Tolkien, des auteurs de fantasy dessinent une carte du royaume parcouru par leurs personnages. La lecture est un voyage aux confins du monde réel, voyage dans l’espace et dans le temps, ouvert à tous les possibles.

Un livre ou une histoire doit apporter quelque chose de nouveau.

Bernard Werber

6. L’impression des lecteurs 

Alors finalement, qu’est-ce qu’un bon roman ? En interrogeant les lecteurs, on obtient des avis divergents. Certains sont sensibles à l’histoire, d’autres à l’écriture ou aux thèmes abordés. Et vous, comment reconnaissez-vous un bon livre ? 

Certains écrivains ou éditeurs tentent de trouver la recette du bon roman pour écrire des récits sur mesure, des best-sellers en puissance. Croyez-vous que cette formule magique existe ?

Un enfant déguisé en sorcier jette une sort avec une baguette magique lumineuse.
Quelle est la formule magique d’un bon roman ?

Quand on lit les conseils donnés aux auteurs en herbe par des romanciers à succès, quelques points-clés reviennent : 

  • une bonne histoire ; 
  • des péripéties pour créer du suspense ou surprendre le lecteur ; 
  • des trajectoires de vie ;
  • des personnages attachants ou intéressants ;
  • des émotions ; 
  • du plaisir.

Ensuite, savoir définir un bon roman est très simple : c’est au lecteur de décider. Chacun d’entre nous aura un point de vue différent sur le même livre. Certaines œuvres remportent du succès à une époque pour couler ensuite vers l’oubli. D’autres traversent les siècles sans prendre une ride.

Le talent littéraire est inné. Il ne s’achète ni ne s’enseigne.

Haruki Murakami

Qu’est-ce qu’un bon roman ? Ça n’existe pas !

Vous l’avez compris, la notion de « bon » roman est subjective. Quels que soient les critères retenus, c’est le juge qui compte. Et le juge, c’est vous, le lecteur ou la lectrice. Pour une même œuvre, il y a autant d’avis qu’il y a de lecteurs. 

Il n’y a pas de bon ou de mauvais roman, il y a des romans qu’on aime lire et d’autres que l’on n’aime pas. […] Si des lecteurs ont aimé ce livre-là (ou aiment cet auteur-là), qui suis-je donc pour dire qu’ils ont tort ?

Martin Winckler

Un roman peut être bon pour un lecteur et mauvais pour un autre. Tout est question de goût. Pour choisir nos lectures, utilisons les réseaux sociaux, forums, blogs, chaînes ou magazines littéraires dont les rédacteurs ou influenceurs ont des goûts similaires aux nôtres. Ils nous aident à dénicher de jolies pépites ! Nous pouvons aussi nous rendre en bibliothèque, demander conseil à un libraire, piocher dans une boîte à livres, emprunter un roman lu par un proche… ou laisser faire le hasard. Une belle couverture, un titre attirant, un résumé intriguant… chacun d’entre nous a ses propres astuces pour se laisser séduire.

Si vous êtes auteur ou autrice, lancez-vous et écrivez ! Vous aurez écrit un bon roman s’il réussit à toucher des lecteurs, peu importe leur nombre. Écrire est une formidable source de plaisir, un moyen fabuleux de laisser parler sa créativité et, parfois, une belle façon de soigner ses blessures intimes pour révéler l’or caché au fond de soi.  

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Et vous, cher lecteur, chère lectrice, comment choisissez-vous vos lectures ? 
Si vous êtes auteur ou autrice, vous êtes-vous déjà interrogé sur ce qu’est un bon roman ou préférez-vous vous fier à votre intuition lorsque vous écrivez ? 
Exprimez-vous dans les commentaires !

Sources : 

Martin Winckler : https://www.enviedecrire.com/martin-winckler-qui-a-le-droit-ecrire/

Danielle Marcotte : https://dmarcotte.ca/journal-2013-04-12-quest-ce-quun-bon-roman/

Conseils aux écrivains de Bernard Werber, Stephen King et Haruki Murakami : https://club-stephenking.fr/conseils-ecriture-stephenking

Madzia M T Migoń : https://www.academia.edu/36160806/Quest_ce_quun_bon_roman_

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2 Commentaires

  1. Bonjour Natacha,

    Contente de te lire.
    Un bon roman? Tout un programme. Oui en effet il n’y a pas de bon ou mauvais roman même si je pense qu’on ne s’improvise pas auteur du jour au lendemain et que certaines histoires me paraissent parfois tirées par les cheveux!
    J’aime ce que dit Stephen King « Un bon romancier ne créé par les événements de son histoire, il les regarde se dérouler et ensuite il les écrit. »
    Belle journée à toi
    Marie

  2. Bonjour Marie,
    oui, tout un programme… à adapter à chaque lecteur et lectrice.
    J’aime cette idée de regarder l’histoire se dérouler.
    A bientôt !

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