Implant Essure : journal d’une opération

Femme porteuse d’implant Essure, mon témoignage vous éclairera sur mon expérience. Vous voulez en savoir plus sur les effets secondaires et l’explantation ? Je vous raconte ici mon opération de retrait des implants Essure. Je les ai fait retirer en juin 2020, sept ans après la pose. Ce texte a été écrit au fil des jours, pour garder trace de toutes les étapes de cette épreuve.

Que sont les implants Essure ?

Les implants Essure sont des petits « ressorts » (comme des stens) que l’on insérait dans les trompes de Fallope pour les boucher et obtenir ainsi une stérilisation (ou, pour employer le terme consacré, une « contraception définitive »). Cette méthode avait l’avantage d’être rapide et sans cicatrice (équivalente à la pose d’un stérilet). Elle n’est plus pratiquée en France depuis 2017.

Relargage de métaux lourds dans le corps

De nombreuses femmes porteuses d’Essure se sont plaintes d’effets secondaires. Ces implants constitués de matériaux synthétiques et métalliques entraînent un relargage de métaux lourds dans l’organisme (info du 3 février 2020). Si le lien entre #Essure et ces symptômes reste encore à prouver, nombreuses sont les patientes qui demandent l’explantation pour être débarrassées de ces « bombes à retardement ». Il faut sectionner les trompes sans casser les implants (pour ne pas laisser de petit fragment dans le corps) puis tout retirer. Parfois une hystérectomie (ablation de l’utérus) s’avère nécessaire.

Implant Essure : témoignage

Pour ma part, j’ai l’impression que mon état de santé s’est lentement dégradé depuis la pose des implants Essure il y a sept ans. J’ai eu (ou ai encore) divers symptômes : eczéma, maux de tête, migraines, acouphènes, douleurs musculaires et articulaires (parfois, j’ai l’impression d’avoir 70 ans tellement j’ai mal partout), troubles du sommeil, humeur variable (on m’a diagnostiqué une dépression suite à mon burn out en janvier) et une douleur pelvienne persistante à droite.

Cette gêne du côté droit est apparue dès que j’ai eu les implants dans le bas-ventre. On a essayé de me faire croire que c’était lié à des kystes ovariens ! Quant aux autres symptômes, l’explication est simple depuis que j’ai passé le cap de 40 ans : péri-ménopause ! Car j’ai également des soucis gynécologiques (règles irrégulières, plus douloureuses et plus abondantes qu’avant) qui entrainent des anémies (manque d’hémoglobine dans le sang, et tous les symptômes d’épuisement qui vont avec, comme l’essoufflement, les maux de tête, les difficultés de concentration ou les pertes de mémoire).

Je ne sais pas si les implants sont « responsables » de tout. Je veux bien admettre qu’il peut y avoir des causes psychologiques. Je trouve cependant trop « facile » de toujours tout ramener aux hormones. Avant, on me disait que c’était un déséquilibre thyroïdien, maintenant on me bassine avec la ménopause ! Nous verrons bien quelle sera l’évolution sans implants. Est-ce une nouvelle vie qui va commencer, comme c’est le cas pour de nombreuses femmes « explantées » (quel horrible mot !) qui se sentent revivre après l’opération ?


Explantation Essure : se préparer à l’opération

Vendredi J-6

Après être passée par la peur de l’opération, puis l’impatience d’y être (pour ne plus souffrir), je suis maintenant dans une phase de simple acceptation. Boucler tout ce qu’il y a à faire AVANT par crainte de ne plus pouvoir APRÈS si la convalescence est douloureuse. Je suis allée à la pharmacie pour acheter des granules homéopathiques et des gélules de phytothérapie, traitement préventif que je débuterai à J-3.

Samedi J-5

Légèrement enrhumée, je suis inquiète à l’idée d’avoir la Covid, qui m’empêcherait d’être opérée. Je me suis réveillée en sueur à 2 heures du matin. Pas de fièvre, mais des cauchemars. La nuit a été pénible. La journée, elle, s’est bien déroulée, en partie grâce au soleil, qui met du baume au cœur après tant de jours pluvieux.

Dimanche J-4

Fête des pères en famille. Tout le monde m’a souhaité bon courage pour l’opération. Quand je les reverrai, elle sera derrière moi. J’ai fait une liste de tout ce que je dois faire AVANT (courses, épilation, ménage…) Certaines tâches ne seront plus possibles APRÈS pendant quelques jours ou semaines (par exemple, passer l’aspirateur). J’ai hâte d’y être maintenant. Et tellement peur que ce soit annulé. Comment puis-je supporter cette douleur, discrète mais gênante, depuis bientôt 7 ans ?

Lundi J-3

J’ai pris ce matin ma première dose d’Arnica 9 CH et commencé ainsi le « traitement » phyto/homéopathique pour préparer mon corps à l’opération : 1 dose d’Arnica 9 CH chaque matin, 3 granules d’Opium 9 CH 3 fois par jour et 1 capsule à base d’huile de bourrache (pour ses Oméga 6 et ses propriétés anti-inflammatoires) à chaque repas. Je ne sais pas si c’est l’Opium qui m’a détendue ou si c’est le fait d’entrer dans la dernière ligne droite mais j’ai très peu pensé à l’opération aujourd’hui.

Médicaments pour préparer l'opération de retrait Essure
Photo personnelle

Mardi J-2

Prélèvement pour le test Covid ce matin : une vraie torture ! Le goupillon qui racle chaque sinus pendant 10 secondes, ça fait mal !!! J’avais les larmes aux yeux et ça m’a brûlé pendant une bonne heure après le prélèvement. Cet après-midi, je suis allée chez la psychologue. Nous avons parlé de ma mauvaise expérience de l’anesthésie en 2006. Elle m’a donné des conseils pour me relaxer, demain et jeudi, jusqu’à la table d’opération.

Mercredi J-1

L’infirmière du bloc m’a appelée pour confirmer l’horaire : rendez-vous à 7h30 dans le service de chirurgie ambulatoire. Je suis contente que tout se déroule comme prévu. J’ai refait la séance d’hypnose « effet boost » dont je compte utiliser les images mentales pour me détendre avant l’anesthésie. Puis j’ai préparé mon sac et bouclé tout ce que j’avais à faire. Le timing a été serré. Ça m’a fait penser à une journée de pré-rentrée : une longue liste de tâches à enchaîner pour que la classe soit prête à accueillir les élèves le lendemain matin. Et puis cette impatience d’y être… mêlée à l’envie que ce soit enfin terminé.Ce soir, je suis prête. Il ne me reste plus qu’à poster cet article, avant d’aller prendre ma douche iodée !

Retrait des implants Essure : le jour J

Arrivée à l’hôpital

Jeudi 25 juin 2020 à 7h30, je traverse le hall presque désert du CHU. Je dois me rendre au service de chirurgie ambulatoire, au troisième étage. Seule dans l’ascenseur, je ressens un pincement au cœur, une onde d’espoir mêlée d’anxiété. Enfin, j’y suis ! J’ai tant attendu cette journée. Il me semble qu’à cet instant, dans cette cage en inox gris et froid, la grande aventure commence.

Avant d’arriver sur la table d’opération, c’est un peu le parcours du combattant : bureau pour l’admission administrative, vestiaire où je dépose mes affaires et enfile une magnifique tenue bleue, salon d’attente où je me rends à pied puis deuxième salle d’attente et enfin petit tour de brancard pour rejoindre une pièce attenante à la salle d’opération où l’infirmière du bloc vient me chercher. Toutes ces phases d’attente sont assez rapides (5 à 10 minutes à chaque fois). Elles se succèdent sans que je comprenne bien ce qui m’arrive. Je discute avec une autre future opérée, je respire pour me détendre. Tout va bien, même si j’ai hâte d’être endormie.

En salle d’opération

Dans la salle d’opération, on me demande de m’allonger sur la table munie d’étriers puis l’infirmière me présente une étudiante, qui va poser le cathéter sur ma main droite. Petite leçon de « piercing », pas très agréable pour moi, avec plusieurs tentatives. Je patiente en regardant la lampe au plafond. Une fois la perfusion posée, on me met des capteurs sur l’autre main. Je suis maintenant « piégée », allongée sur le dos, appréciant la douce chaleur de la couverture chauffante qu’on a posée sur mon ventre. J’évoque des images positives, comme me l’a conseillé ma psy. J’imagine être en séance d’hypnose et je parviens à laisser mon corps s’abandonner à une détente toute relative.

L’anesthésiste arrive et se présente. On me pose sur le visage un masque à oxygène en me demandant de me concentrer pour respirer profondément. Je savais que cette phase aurait lieu mais je la trouve longue… Derrière le masque, j’aperçois sur ma droite le visage de la gynécologue qui va m’opérer. J’ai de plus en plus de mal à calmer ma respiration. Je sens l’angoisse me gagner, une impression de claustrophobie avec ce masque sur mon nez, un serrement dans ma poitrine, l’impression que je vais étouffer ! Heureusement, on me dit que l’injection a commencé. Je sens le liquide frais monter dans mon bras droit. Et je sombre dans un profond sommeil chimique.

En salle de réveil

Quand j’ouvre les yeux, j’entends : « Vous êtes en salle de réveil ». Je constate avec bonheur que je n’ai pas d’intubation dans la gorge. J’avais bien insisté pour qu’on l’enlève avant que j’ouvre les yeux, pour ne pas revivre le court moment de panique connu lors de ma précédente opération en 2006 (l’impression d’étouffer, là encore). Je sens une gêne au fond de ma gorge qui me confirme que j’ai bien été intubée pendant l’opération. Une patiente de l’autre côté de la salle ne cesse de geindre : « J’ai mal, j’ai mal, j’ai mal… » Faites-la taire !

Une infirmière s’approche de moi : « A combien évaluez-vous la douleur ? » Je réponds 7/10. Elle me glisse deux comprimés de morphine orodispersible dans la bouche. Quelques minutes plus tard, quand je confirmerai ressentir une douleur à 5/10, au niveau de l’utérus, elle me donnera par la même voie du Spasfon lyoc. Une perf est présente sur ma droite, mais je constate que le flacon est maintenant vide. J’ai l’esprit embué. Je peine à réaliser ce qui m’arrive.

Lors de la troisième évaluation, je cote la douleur à 4 ou 5. C’est encore trop, visiblement. Une infirmière arrive avec un sucre et me montre une seringue contenant un liquide transparent. Elle m’explique que c’est de l’Acupan, un antalgique dérivé de la morphine. Comme c’est très amer, elle me donne un sucre. Je commence à croquer le morceau de sucre et elle me verse le liquide dans la bouche. Grave erreur ! Je n’aurai jamais dû accepter ! Le goût acre et la voie orale me rappellent une scène similaire : j’avais reçu ainsi un produit pour me détendre avant une coloscopie… un produit qui m’avait rendue bien malade (la nausée avait persisté pendant plus de 3 heures jusqu’à ce que, de retour chez moi, je réussisse enfin à vomir pour éliminer cette saleté).

Un nouveau patient arrive dans le box d’à côté. Je vois les infirmières regarder des photos sur leur smartphone, quelques mètres devant moi. Puis on me demande une nouvelle évaluation de la douleur. Comme je n’ai plus vraiment mal, je réponds 3 sur 10. On décide alors de m’emmener dans une chambre. Au passage, dans le couloir, le brancadier récupère le sac contenant mes affaires. Il m’installe dans la pièce avec ce sac posé sur une chaise à proximité et me laisse seule.

Chambre du service ambulatoire

Deux infirmières arrivent juste après pour m’installer le brassard de prise de tension. Elles m’expliquent qu’il va se gonfler toutes les 15 minutes pendant une heure. Si tout est correct, on passera à un contrôle toutes les 30 minutes et on m’apportera une collation. Quand j’aurai mangé, on fera un premier lever et si tout se passe bien, je pourrai rentrer chez moi.

Dès qu’elles sont parties, je récupère mon portable, prends une photo et envoie quelques messages pour rassurer mes proches. Je suis étonnée de voir qu’il est déjà 15h. On m’a dit que l’opération avait été plus longue que prévu et que j’avais passé deux heures en salle de réveil. Il me faut attendre la visite de la gynécologue pour en savoir plus.

Photo prise après l'explantation Essure à l'hôpital
Première photo après l’opération

La gynécologue arrive peu après et m’explique le déroulement de l’opération. L’hystéroscopie opératoire s’est bien passée. Elle a pu agir sur la quasi-totalité de la muqueuse utérine, ce qui devrait me permettre de ne quasiment plus avoir de règles. En revanche, elle a trouvé l’utérus en mauvais état : volumineux, incliné vers l’avant et présentant des traces d’adénomyose. Les implants Essure ont été retirés : salpingectomie avec cornuectomie à droite. L’implant de droite (celui qui me faisait mal) était coincé dans le haut de l’utérus, il a donc fallu retirer une partie de la corne utérine.

La gynécologue pense que la douleur pelvienne à droite était causée par l’utérus lui-même, plus que par les implants Essure (je ne dis rien, mais n’en pense pas moins…) Il faudra évaluer en août si la douleur est toujours présente et si la gêne éventuelle nécessite, ou non, d’aller jusqu’à l’hystérectomie. Elle me dit qu’en présence d’adénomyose, le risque est de 50 %. Ce sera à moi d’évaluer ce que je veux faire en fonction de mon ressenti et des risques encourus lors d’une nouvelle opération. Croisons les doigts pour que tout aille bien et que celle-ci ne soit pas nécessaire !

Une heure plus tard, les constantes étant bonnes, on m’apporte un plateau avec jus de pomme, thé, pain, petits gâteaux. Je n’ai absolument pas faim. J’essaie d’avaler une gorgée de jus de pommes… et tout de suite, la nausée me submerge. Je bois de l’eau, la seule chose qui passe, apparemment. Une bouchée de pain entraîne de nouveaux spasmes. J’ai envie de vomir. Soudain, je sens le malaise arriver. Je commence à suer à grosses gouttes, j’ai des vertiges. Je sonne pour demander de l’aide. On abaisse le dossier du lit et on remonte un peu mes pieds. Le malaise se calme. On me donne un haricot pour pouvoir vomir au cas où… J’aimerais bien, pour éliminer l’Acupan (car je ne doute pas que ces malaises soient liés à ce produit). Une infirmière me rafraichit avec un brumisateur que j’avais apporté dans mon sac, avant de me donner un gant d’eau fraiche dont le contact me fait un bien fou !

Ensuite, tout s’embrouille un peu dans ma tête. Je sens que je ne pourrai pas sortir avant la fermeture du service à 19h. J’ai la nausée, je n’ai rien mangé depuis la veille au soir, je ne me suis pas encore levée et je ne peux rien avaler. Et puis, j’ose le dire : j’ai peur de me retrouver seule à la maison le lendemain matin, mon compagnon partant travailler à 5 heures. Vers 17h15, j’obtiens finalement l’accord pour être hospitalisée pour la nuit et on me transfère dans une chambre du service digestif (le service gynéco est plein). On m’aura fait subir au passage un sondage urinaire car j’ai du mal à faire pipi. Je ne sens pas bien mes sphincters, tout est anesthésié, comme si j’avais eu une péridurale.

Hospitalisation

Je me retrouve donc dans une chambre du service digestif en présence d’une femme de mon âge, opérée d’une tumeur au foie trois jours plus tôt. Comme moi, elle doit sortir le lendemain. La soirée est mouvementée : nausées, malaises avec suées abondantes et vomissements par trois fois. La troisième fois, je décide de ne plus essayer de manger quoique ce soit. On me donne un médicament contre la nausée, du Doliprane et, le tumulte dans mon estomac semblant enfin se calmer, j’essaie de dormir un peu. Je parviens à trouver le sommeil en écoutant de la musique relaxante (très important : ne jamais oublier d’emporter des écouteurs à l’hôpital sinon c’est impossible de trouver le sommeil !). Je dors par périodes de 45 minutes environ, entre lesquelles je dois impérativement aller uriner. Il faut dire que je bois beaucoup d’eau, (est-ce parce que je veux, inconsciemment, éliminer au plus vite les produits anesthésiants ?). Ces passages aux toilettes me contrarient mais ils prouvent au moins que mes sphincters ont retrouvé leur vitalité. Et puis ils me permettent de bouger un peu, pour soulager mon dos et mes côtes qui sont douloureux.

Le lendemain matin (jour 1), ça va mieux. J’avale sans difficulté le petit déjeuner (tisane, pain, confiture) puis je vais prendre une douche bien chaude qui me donne l’impression de revivre ! Je sors vers midi et rentre chez moi, conduite par ma fille de 20 ans. Le voyage en voiture est assez désagréable car j’ai le ventre tendu, les côtes douloureuses. Je marche comme une petite vieille, toute recroquevillée, à pas de tortue.

À la maison

Cet article étant déjà bien long, je vais passer plus rapidement sur les premiers jours à la maison. Je n’ai pas eu besoin de soins infirmiers car la gynécologue a fait des sutures internes, sur lesquels elle a mis des strips et des pansements hydrofuges pour la douche. Elle m’a prescrit du paracétamol 1000 mg toutes les six heures et de l’ibuprofene 400 mg, matin, midi et soir, ces deux médicaments en systématique pendant 48h puis à la demande en fonction de la douleur.

Jour 1 (après-midi)

Les mouvements sont très difficiles car j’ai une barre au niveau de l’estomac et des côtes (courbatures liées aux gaz de la coelioscopie et au temps passé en position semi-assise dans un lit d’hôpital). Je passe du temps allongée devant la télé, à regarder des séries, ou dans mon lit, à faire des séances d’hypnose contre la douleur. Les premiers gaz et gargouillis apparaissent, ce qui n’a rien d’agréable. Je ne mange que du pain tartiné de miel avec des infusions (bizarre cette envie de miel, car je n’en mange jamais d’habitude). Je n’ose pas avaler un repas plus consistant, par peur de vomir à nouveau. Je n’ai plus de nausées, heureusement. Je comprends d’ailleurs que c’est certainement l’Acupan qui les a causées et je me promets, à l’avenir, de refuser tout traitement liquide par voie sublinguale pour ne plus revivre cet enfer.

Jour 2

Moins de douleur dans les côtes (même si elles sont encore bien sensibles), ventre un peu moins gonflé et la sensation d’anesthésie dans le bas du ventre a disparu. Je peux marcher un peu plus facilement, même si c’est encore très lent. Après la douche, je me trouve le teint moins gris et la poitrine moins gonflée qu’avec les Essure. Je constate que mon odorat est plus développé car je supporte à peine mon parfum, que je trouve trop fort. Est-ce parce que je n’ai presque rien mangé depuis plusieurs jours ? En fin de matinée, je me sens bizarre, comme si mon cerveau était drogué. Après le repas, je fais une sieste et au réveil, j’ai beaucoup de mal à émerger. Je pense que c’est lié à l’ibuprofene à forte dose, qui me shoote. Je décide de ne plus en prendre, de me contenter du paracétamol. Cette sensation de brouillard dans le cerveau va s’atténuer en soirée. Ouf ! Le transit reprend, avec un premier passage à la selle. Je me contente de repas simples : soupe, pâtes… des choses faciles à digérer. Les intestins sont très douloureux le soir. Je prends un comprimé de Météospasmyl pour me soulager et pouvoir enfin trouver le sommeil. Je dors 2 ou 3 heures à chaque fois, sur le dos, sans pouvoir changer de position, puis je dois me lever car j’ai trop mal au dos.

Jour 3

Ce sera une journée d’évacuation. Évacuation physique d’abord : gaz, selles, urines, pertes vaginales claires. Et évacuation psychique ensuite, puisque je me mets à pleurer en écoutant de la musique, des pleurs qui vont durer 20 bonnes minutes. Des flashs se succèdent dans ma tête pendant que les larmes coulent. Je suis secouée de sanglots. Je revis certaines scènes de ces sept années sous Essure, qui ont été un vrai calvaire. Après cela, je me rendors jusqu’à midi environ. Au réveil, je me sens complètement vidée, comme si je n’avais plus de forces. Je vais faire un petit tour dans le jardin pour prendre l’air et me réveiller. Pendant cette journée, je recommence à faire des repas normaux… ce que mon ventre me reproche le soir. Il est tendu et douloureux, comme après un repas de famille trop copieux. Je me promets d’être plus raisonnable le lendemain. La nuit est pénible car j’ai très mal au dos, à force de rester allongée sur le dos sans pouvoir me tourner sur le côté. Je dois me lever en pleine nuit pendant une heure pour marcher dans le salon et m’asseoir. Je lis en attendant qu’il soit 4 heures, l’heure du prochain comprimé de paracétamol. Je parviens désormais à en prendre toutes les 6 heures, sans trop souffrir entre les prises.

Jour 4

Je me sens beaucoup mieux, même si mon ventre est encore un peu tendu, avec une douleur assez gênante à droite du nombril. Au niveau gynéco, je n’ai pas vraiment de douleur, tout va bien. Toujours des pertes claires, comme de la lymphe. Je commence à pouvoir me tourner un peu sur le côté dans le lit, pas trop longtemps. Je décide de faire attention à ma posture pendant cette journée : alterner la marche (à petits pas, dans le jardin), la position assise dans le canapé, la position assise sur une chaise et la position allongée, pour soulager et renforcer mon dos. Je veille à être bien calée, pas trop courbée en avant, pour ne pas revivre cette nuit d’enfer avec une barre au niveau des omoplates. Je fais une séance d’hypnose contre la douleur en fin de matinée, une sieste en début d’après-midi et une nouvelle séance d’hypnose vers 18h. Le reste du temps, je ne m’allonge pas. Et ça va. Mon cerveau me semble enfin « normal », ce qui me permet de reprendre une activité plus habituelle (démarches administratives, lecture, écriture…). Quel bonheur ! (Passer des heures à regarder des séries, ça n’est pas du tout mon truc). Mes enfants sont de retour et je discute longuement avec ma fille aînée, assise dans la cuisine d’abord, puis en marchant doucement dans le jardin. J’ai besoin de changer souvent de posture, pour ne pas ressentir de tension dans le ventre ou de douleur dans le dos.

Jour 5

Si le réveil est difficile (ventre tendu et douloureux, avec toujours cette gêne persistante à droite du nombril), tout va mieux une fois le paracétamol avalé. J’en prends 1 gramme à 4h, 10h, 16h et 22h. Cela me suffit. Je n’ai plus aucune douleur dans les côtes, ce qui me permet de me tenir bien droite et de retrouver un rythme de marche plus habituel (bon, je n’en suis pas encore à trottiner ou à courir le marathon, on est bien d’accord, mais je ressemble moins à une tortue courbée sous sa carapace). Les changements de position (se lever, se coucher) se font désormais de façon presque normale. Et je peux enfin trouver la force et le temps pour écrire cet article.


Premières impressions sans Essure

Je peux dire aujourd’hui que je ne regrette pas de m’être fait opérer. S’il est encore trop tôt pour voir les aspects positifs de l’explantation, je sais que le plus dur est derrière moi et qu’une nouvelle phase de ma vie commence. J’ai eu la chance hier d’apprendre que j’avais obtenu ma mutation vers une nouvelle école, ce qui vient confirmer cette impression d’un nouveau départ (j’étais dans mon école actuelle depuis 2013… année où je me suis fait poser les Essure, justement). Je ne sais pas encore si je serai prête à reprendre le travail en septembre, car le burn out de janvier m’a profondément brisée. Mais j’ai espoir, maintenant, que ma santé s’améliore d’un point de vue physique.

À ce sujet, voici le témoignage d’une « explantée » sur l’évolution de sa santé 8 mois après. En le lisant, je me suis aperçue que j’avais des symptômes qu’elle évoque et auxquels je ne pensais même pas, comme la prise de poids, cette impression d’être gonflée en permanence ou les envies pressantes d’uriner qui me faisaient rechercher les toilettes partout où j’allais. Je suis curieuse de voir si ces symptômes vont disparaître maintenant. Vais-je perdre les 5 kg que j’ai pris depuis deux ans (et que j’attribuais à la ménopause) ? Vais-je enfin avoir un corps bien « huilé » dont les articulations ne semblent pas rouillées et dont les muscles ne sont pas en plomb ? Vais-je pouvoir reprendre une véritable activité physique, sans avoir besoin de trois jours pour me remettre d’une séance de sport ? Vais-je retrouver mes pleines capacités intellectuelles et pouvoir enfin écrire mon second roman ?

Aujourd’hui, jour 5, je constate : que j’ai un goût et un odorat plus développé (au point de trouver certains carrés de chocolat presque immangeables, ce qui est un comble pour une choco-addict comme moi !), que j’ai à nouveau de l’appétit (avant, je mangeais à heure fixe mais sans avoir réellement faim), que je me sens déjà moins gonflée (notamment au niveau des seins, quel bonheur pour moi qui déteste avoir une poitrine volumineuse !), que je suis peu fatiguée, alors que je ne dors que 6 heures par jour, de façon morcelée (bon, il est vrai que je me suis bien reposée pendant l’opération, n’est-ce pas ?), que mon moral est bon, même si j’ai encore du mal à réaliser ce qui m’arrive, comme si cette nouvelle vie, je n’y avais pas droit.

Courage à toutes les victimes d’Essure

J’espère que ce témoignage vous sera utile. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire. Bon courage à celles qui vivent avec les Essure en elles. Oui, l’opération et les jours qui suivent sont des moments délicats, des épreuves dont on se serait bien passé, mais je pense sincèrement qu’il vaut mieux se faire enlever ces implants, dont les conséquences sur nos corps sont bien plus nombreuses et insidieuses qu’on ne l’imagine. Il est difficile de prendre la décision de se faire opérer. C’est un parcours que chacune doit faire à son rythme, avec le bon chirurgien. N’hésitez pas à vous faire aider par un(e) psychologue si vous en ressentez le besoin ou à rejoindre un groupe de soutien sur Facebook. Votre santé est précieuse !

→ Retrouvez mon compte-rendu des mois qui ont suivi l’opération : Ma vie après Essure

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22 Commentaires

  1. Coucou Natacha,
    Je pense fort à toi ce matin et tu verras une fois cette étape passée tu te sentiras certainement beaucoup mieux et soulagée. Merci de partager cela avec nous, car beaucoup de ces sujets féminins restent encore tabou et le partage d’expérience ne peut que nous être utile à toutes.
    Dans quelques heures tu seras une femme libre !
    A très vite,
    Sand

  2. Tu as bien fait Natacha de poser ces mots.
    Pour toi et pour nous. Le sujet est important.
    Je t’envoie mes pensées pour que tout se passe bien. Et que cela appartienne désormais aux souvenirs.
    On encaisse parfois beaucoup de souffrance avant de sauter le pas pour autre chose.
    Je t’embrasse

  3. Merci Sand pour ton soutien. 💙
    L’ironie de l’histoire, c’est que j’ai dit exactement cela en 2013. Je pensais qu’avec les implants Essure, je serai une femme libre : libre de toute contraception hormonale, libérée à jamais de la peur d’une grossesse non désirée. Et voilà… Sept ans de galère.
    J’espère être vraiment libre cette fois-ci. La chirurgienne après l’opération a évoqué une possible hystérectomie dans quelques mois si les douleurs persistent car mon utérus est volumineux et abimé (j’ai eu trois grossesses dont une qui s’est terminée par une césarienne en urgence).
    Croisons les doigts pour que ça n’arrive pas. 🍀

  4. Merci Marie. Oui, c’est important de témoigner car c’est un scandale sanitaire ignoré.
    L’opération s’est bien passée mais a été plus longue que prévue. J’ai dû être hospitalisée cette nuit car je n’étais pas en état de sortir (nausées et vomissements qui pourraient être liés à la morphine). On va voir ce matin si le petit-déjeuner passe ou pas.
    La douleur des cicatrices de cœlioscopie est supportable, heureusement.
    Bonne journée, bises 💙

  5. Merci pour votre récit… ces détails dans les étapes, les soins …
    Cela m aide dans mon choix de les faire retirer, j ai Rdv le 9 mars avec une gynécologue sur Metz , qui j espère comprendra que je ne peux plus les garder, tant mon corps me fait souffrir ( 10 ans que je les ai ).
    J avais déjà été voir un gynéco sur Strasbourg ( il y a 4 ans qui était pro essure) , qui m avait dit en gros que toute la polémique devait être d’une féministe et que pour lui retirer essure c’ etait jeter le bébé avec l eau du bain …
    Bref, j en suis sortie dépitée, en pleurs, et bien qu’il acceptait cependant de me les retirer il était pour moi pas question que ce soit ce chirurgien, avec de tels propos ,qui le fasse …

    J ai hâte de rencontrer cette gynéco la semaine prochaine , et de comme vous pouvoir dire  » après  » que j ai fait le bon choix …et surtout que je me sens mieux …meme si ça va pas être facile …

  6. Bonjour Jen,
    Merci pour votre retour. J’espère que votre rendez-vous s’est bien passé.
    Avez-vous pu fixer une date pour l’opération d’explantation ?
    Je vous souhaite une meilleure santé, sans Essure.

  7. Bonjour,
    J’ai été explantée au CHU de Caen par le Dr Delphine Vardon.
    C’était en juin 2020. J’ignore si elle pratique toujours cette opération.

  8. Bonjour natacha ,

    Alors oui le rendez vous s’ est bien passé, elle accepte de me les retirer , m a toutefois prevenu que chez certaines femmes les douleurs peuvent disparaitre aprés mais que pour certaines non .
    Je dois faire échographie pelvienne avant et y retourner , pour qu’elle décide si elle m enlève que les essures et les trompes, ou si adénomyose , elle retire tout l utérus .
    Bref, rdv echo seulement le 24 avril , c’est une partie du chemin de fait , mais je ne lacherai pas …

  9. Bonjour Jen,
    C’est bien que les choses avancent. Quand on souffre, on voudrait pouvoir les arracher tout de suite. Mais il faut être patiente.
    Pour ma part, j’ai de l’adénomyose, mais je n’ai pas eu d’hystérectomie. La gynécologue avait dit qu’on verrait comment les choses évolueraient. Deux ans et demi plus tard, je vais bien. Je n’ai plus de douleurs.
    Bon courage à vous !
    Et n’hésitez pas à revenir me donner des nouvelles ici.

  10. Bonjour j’ai l’impression que mon commentaire laissé dimanche n’a pas fonctionné. Je voulais juste vous dire combien je me reconnais dans votre témoignage et que ça me conforte dans ma décision de les faire retirer. J’ai vu l’anesthésiste ce matin. Moi aussi c’est le Dr Vardon qui m’opere jeudi. J’ai hâte surtout que la patience n’est pas mon fort… bonne continuation à vous et courage à toutes celles qui souffrent et ne sont pas entendues NE LÂCHEZ RIEN !

  11. Bonjour Isabelle,
    Votre opération est prévue demain, le 15 juin.
    Je vous souhaite du courage et de la détermination. C’est une étape pénible mais nécessaire.
    Bientôt, vous serez libérée !
    N’hésitez pas à revenir par ici me donner des nouvelles.
    Amicalement,
    Natacha

  12. Bonsoir Natacha ,
    bon courage Isabelle
    Je penserai fort à vous ce jeudi .
    Alors pour moi ce sera le 6 septembre l.’operation sur Metz hopital de Mercy par le docteur Pfifer.
    La gyneco que j avais vue au depart a annulé ses rdv, j’ai été redirigée vers un de ses confrères .( quand le destin s’en mêle ), bref, je l’ai vu avec les radios demandées par la première gyné, mais les clichés n’étant pas bien faits je dois les refaire,anesthesiste le 25 aout et le 6 septembre on y sera .
    C’est long et je commence à avoir la frousse .
    J’ai bizarrement plus mal nul part comme si mon corps et ma tête voulaient s’anesthesier des risques dont m a parlé le medecin et des douleurs post op que j ai pu lire …
    J’ai super peur que rien ne change aprés…

  13. Bonsoir Jen,
    Les choses deviennent plus concrètes quand on a une date d’opération.
    Il est possible que le corps « oublie » les douleurs, en effet, pour vous inciter (inconsciemment) à faire machine arrière. Mais ce n’est qu’après le retrait que vous pourrez vraiment voir une amélioration. Ça va faire 3 ans le 25 juin que j’ai été opérée et je ne regrette pas du tout. Je ne ressens plus cette fatigue chronique qui me plombait le corps et le moral auparavant.
    C’est normal d’avoir peur. L’attente est longue et ponctuée de moments difficiles. Mais l’espoir doit rester présent dans votre tête. Dites-vous que votre corps sera vraiment libéré de ces intrus. Il vous remerciera.

  14. Bonjour de retour chez moi après l’opération jeudi. Pas trop de douleurs un peu comme des règles douloureuses et des saignements. Les douleurs dues au gaz de la celio semblent s’atténuer. La gynéco a galéré pour retirer les implants à cause de mon utérus trop volumineux qui contenait plein de fibromes. Elle a gratté tt ce qu’elle pouvait. Elle n’est pas sûre d’avoir retiré les implants en totalité elle a dû couper les cornes des deux côtés et les retirer. J’ai une radio de contrôle à passer et je la revois en juillet. Je ne regrette pas maintenant je n’ai plus qu’à me reposer et voir l’évolution. Je sais qu’il faudra être patiente. J’ai un arrêt de 3 semaines et je ne dois rien faire pendant un mois et ça me coûte déjà (la patience n’est pas ma première qualité). Je souhaite bon courage à Jen.

  15. Bonjour Isabelle,
    Merci d’avoir pris le temps de venir nous donner des nouvelles.
    J’ai eu le même problème : difficulté à retirer l’implant à droite et cornuectomie de ce côté. C’est fou que la gynéco ne sache pas exactement si tout a été enlevé. Vous a-t-elle fait une radio ASP pour vérifier ?
    Trois semaines, cela peut paraître long, mais c’est le temps nécessaire pour bien se remettre, non seulement de l’opération mais des difficultés que le corps a enduré avec les implants. Pour moi qui suis hypersensible, le rétablissement a été lent (comme j’avais fait un burn out huit mois plus tôt, il fallait aussi que je remonte la pente côté moral).
    Prenez le temps qu’il vous faut pour aller mieux.
    Bon rétablissement !

  16. Je dois passer une radio avant de la revoir le 10 juillet je croise les doigts pour qu’il ne reste plus rien de ces satanés implants j’ai failli pleurer quand elle m’a dit ça…

  17. Oui, je comprends. J’étais dégoûtée aussi quand elle m’a dit ne pas être sûre que l’implant de droite soit complet. 😥
    Normalement, elle devrait faire une radio au bloc pour s’assurer que tout est retiré.
    C’est aberrant !
    Je croise les doigts pour que votre radio soit nickel. 🍀 La mienne l’était.
    Si vous voulez me donner des nouvelles ou discuter en privé, voici mon mail : contact [at] lunedemasquee.fr
    À bientôt !

  18. Bonsoir Natacha

    Ça y est j’ai été finalement explantée aujourdhui en ambulatoire , par laparoscopie :salpingectomie bilatérale .

    Tout s’est bien passé , je suis rentrée il y 2h . Pour l ‘instant pas trop de douleurs , espérons que cela dure . Je souligne le fait de surtout ! surtout etre soulagée de ne plus avoir de corps étrangers dans mon corps me faisant souffrir…psychologiquement cela agit chez moi comme un médicament, un bien-être que je ne sais trop expliquer.

    Mille mercis à vous qui avez témoigné sur cet article cela m ‘a beaucoup aidé à ne pas baisser les bras et aller jusqu’au bout …
    Courage à toutes celles qui n’osent faire ce pas…
    Mes amitiés à vous Isabelle, Natacha …🥰

  19. Oh, merci, Jen, d’avoir pris le temps de témoigner ici. 🥰
    C’est tellement important pour les victimes d’Essure d’avoir des retours positifs.
    Je vous souhaite un bon rétablissement !
    La partie la plus pénible du chemin est derrière vous.
    Amitiés,
    Natacha

  20. Bjr, je me décide à témoigner également grâce à vos témoignages, les implants je les ai depuis 2013 et j’en peux plus de les avoir ayant des douleurs un peu partout et surtout de chaque côté de mes ovaires toujours cette sensation d’avoir les règles , douleurs articulaires et j’en passe! A l’époque j’avais 42 ans, et trois mois après plus de règles j’ai fais prise de sang 4 ans après et je suis bien ménopausée, j’en ai 53 aujourd’hui et je les retire le 26 mars! La gynécologue chirurgienne m’a proposée également l’ablation des ovaires comme je suis ménopausée depuis 10 ans , je vous avoue que j’ai très peur mais je ne ferai pas machine arrière, merci pour vos témoignages ça m’a aidé à franchir le pas . Je reviendrai pour témoigner après l’opérationà bientôt

  21. Bonjour Isabelle,
    Je vous remercie pour votre témoignage.
    Courage ! Dans quelques semaines maintenant, vous serez libérée.
    Pourquoi retirer les ovaires ? Ont-ils été abîmés par la présence des Essures ?
    Les miens présentaient des kystes, mais aucun lien n’a pu être fait avec les implants…

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