« Indomptée » de Glennon Doyle : libérez votre guépard

Glennon Doyle est une indomptée : à 40 ans, elle a quitté le père de ses trois enfants pour se marier avec une femme. Activiste, féministe et conférencière, cette autrice américaine se livre sans fard dans son récit autobiographique. Indomptée, c’est un témoignage intime palpitant adressé à toutes les femmes. Comment déconstruire le formatage social imposé aux petites filles dès leur plus jeune âge ? Une mère doit-elle se sacrifier pour sa famille et vivre en martyre, en niant ses besoins essentiels ? Quelle est notre place dans le monde ?
Glennon Doyle nous raconte son histoire, entre addictions (boulimie, alcoolisme), amour, famille, religion et engagement caritatif. Elle nous donne des conseils pour prendre confiance en nous, trouver notre Savoir et avancer vers la liberté. Voici ma chronique de lecture sur ce récit de vie percutant.

Notre Savoir intérieur

Les premières pages du livre nous racontent l’histoire de Tabitha. Quand elle était un bébé guépard, Tabitha a été élevée dans un zoo avec un labrador. Chaque jour, comme le chien, Tabitha court après un lapin en peluche rose accroché au pare-choc arrière d’une jeep pour distraire les spectateurs. Née en captivité, Tabitha n’a pas connu la nature. Pourtant, après sa prestation, elle fait des allers et venues dans son enclos et fixe un point au-delà de la clôture. Comme si elle se souvenait de quelque chose…

Un guépard qui court sur le sable devant une clôture
Un guépard en captivité n’oublie pas sa nature sauvage.

Glennon Doyle était en cage, elle aussi, quand elle a rencontré Abby. Depuis l’âge de dix ans, elle se comportait en suivant des règles (souvent tacites) que la société lui avait imposées.

Je voulais être une gentille fille, alors j’ai essayé de me contrôler. J’ai choisi une personnalité, un corps, une foi et une sexualité si étriquée que je devais retenir ma respiration pour m’y glisser. Puis je suis vite tombée malade.

J’ai commencé à construire le genre de vie qu’une femme est censée construire. Je suis devenue une bonne épouse/mère/fille/chrétienne/citoyenne/écrivaine/femme.

Pour les femmes de la génération de l’autrice, née en 1976, un long travail de déconstruction est nécessaire.

Le dialogue pour déconstruire les stéréotypes

Les injonctions genrées, Glennon Doyle les dénonce et tente d’y faire face pour éduquer ses enfants, un fils et deux filles, sans reproduire ce qu’elle a connu. En mère responsable, elle porte un regard attentif aux situations du quotidien et nous livre ses anecdotes. Le dialogue est de mise sur tous les sujets, même les plus anodins : flacon de gel douche, popularité au lycée, réchauffement climatique, mariage… et boules à neige.

Nous sommes comme des boules à neige : nous consacrons tout notre temps, notre énergie, nos paroles et notre argent à créer un brouillard, à essayer de ne pas savoir, à nous assurer que la neige n’arrive pas au sol pour ne jamais avoir à faire face à l’effrayante vérité qui se trouve en nous, campée là, immobile.

Une citation vient bousculer son équilibre : ARRÊTE-TOI ET TU SAURAS. Respiration, méditation, yoga… elle tente de descendre en profondeur, tout au fond d’elle-même. Elle y trouve le Savoir, une sorte de dieu intérieur qui l’aide à prendre des décisions pour avancer dans la vie de manière plus sereine et éclairée.

La passion inattendue de Glennon Doyle dans Indomptée

Lors d’une rencontre entre écrivains et éditeurs, une femme inconnue entre dans la salle. C’est le coup de foudre ! Tout l’univers de Glennon Doyle chavire. Elle sait que rien ne sera jamais plus jamais comme avant. Elle découvre l’amour, la fusion totale, la complémentarité parfaite. Quelques mois plus tard, elle se sépare du père de ses enfants pour épouser Abby.

Une femme emplie d’elle-même se connait et se fait assez confiance pour dire et faire ce qui doit être fait.

Ensemble, ils créent un nouveau modèle familial, unique, assumé. Les décisions sont prises à trois : le père, la mère et la maman bonus. Un équilibre différent se met en place, grâce à une communication constante et beaucoup de prise de recul. Ainsi, Glennon fait taire ses inquiétudes quand son ex-mari et sa femme propose d’inscrire sa fille cadette au foot. La sélection est difficile, les larmes et le découragement gagnent du terrain. Finalement, Tish réussit à entrer dans le club. Elle s’avère très douée et finit par devenir capitaine de son équipe.

J’ai brûlé la consigne qui assimilait le rôle de la mère responsable à celui d’une martyre. J’ai décidé que la vocation d’une mère était de devenir un modèle et non de se sacrifier. J’ai cessé d’être une mère qui se mourait à petit feu au nom de ses enfants, pour devenir une mère responsable qui montre à ses enfants comment être pleinement vivante.

Je ne m’adapte pas pour plaire au monde. Je suis moi-même où que je me trouve et je laisse le monde s’adapter.

Un couple de femmes assise sur un banc qui se sourient
L’autrice a débuté une seconde vie en se mariant avec une femme.

Assumer sa bisexualité dans une Amérique puritaine et sexiste n’est pas évident. Glennon Doyle s’exprime sans détour sur les dérives de son pays telles que la misogynie, l’homophobie, le racisme et l’exclusion des minorités. Elle présente son engagement caritatif dans l’association Together Rising. C’est un témoignage fort et courageux, qui ose dénoncer l’avancée de la droite xénophobe.

Extraits

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Mon avis sur le livre de Glennon Doyle Indomptée

Cet essai intimiste est un livre dense, auquel il manque peut-être une structure claire. Ces morceaux de vie épars se succèdent sans logique : nous passons de la famille à la religion, du couple au développement personnel, des addictions à l’engagement caritatif. J’aurais aimé plus de cohérence, et peut-être un peu moins de pages (384 pages en version poche).

C’est assez brouillon, truffé de conseils plus ou moins clairs. Cependant, de nombreuses phrases sont percutantes, comme celle-ci :

Quand les femmes se perdent, le monde s’égare.

Certaines pages m’ont beaucoup inspirée, d’autres passages m’ont semblé longs et indigestes. Je suppose que chaque lectrice pourra y trouver des éléments de réponse à ses questions, des idées pour avancer dans son parcours de fille, de femme et de mère. Les anecdotes racontées par l’autrice nous rappellent des moments vécus. J’ai aimé celle sur le cours de yoga. « Reste sur ton tapis, Glennon. L’immobilité te forge. »

Je ne resterai plus, plus jamais, dans une pièce, dans une conversation, dans une relation ou dans une institution qui me demande de renoncer à moi-même. Lorsque mon corps me dira la vérité, je le croirai. Je me fais confiance dorénavant, si bien que je ne resterai plus à souffrir volontairement ou en silence.

Le message que je retiens de cette lecture est qu’il faut trouver son Savoir pour se connaître et vivre entière. Se scinder en deux soi (celui que l’on montre et celui que l’on dissimule), c’est vivre avec une fracture. Cette idée fait écho au nom de ce blog. Que l’on soit une personne introvertie ou non, il est temps d’enlever notre masque et de réconcilier toutes nos facettes en une belle intégrité.

Avez-vous lu Indomptée de Glennon Doyle ? Avez-vous apprécié ce livre autobiographique ? J’ai hâte de découvrir votre avis sur ce recueil de conseils et de pensées intimes. À vos claviers !

➡️ Pour en savoir plus sur la lutte contre les stéréotypes de genre, vous pouvez consulter cet article paru sur The Conversation : L’envers des mots : dégenrer (le verbe dégenrer est entré dans le dictionnaire Le Petit Robert en 2022)

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