10 janvier 2020, une date que je n’oublierai jamais. Le verdict médical est tombé : « Double épuisement physique et moral ». J’étais au fond du gouffre et la lumière n’était qu’un tout petit point, en haut, très très loin. Retour sur douze mois d’ascension.

Janvier 2020 : l’effondrement
C’était un jeudi. Le 9 janvier 2020. Cela aurait dû être une journée de travail comme les autres. Je revenais de deux semaines de congés. La terrible page 2019 étant tournée, je me disais que le pire était derrière moi. Persuadée que j’allais trouver la force d’avancer encore, j’avais pris de bonnes résolutions. C’était sans compter sur mon corps, qui lui, ne s’était pas encore fait entendre.
Pourtant, il y en avait eu, des signes avant-coureurs. Ces nuits hachées, ces matins où je me levais malgré tout, parce qu’il ne fallait pas lâcher. Ces heures de route pendant lesquelles je sentais la fatigue m’envahir, au risque de somnoler au volant. Ces douleurs musculaires et articulaires. Et puis surtout ces migraines, régulières, auxquelles j’avais fini par m’habituer. Au premier flash lumineux, je prenais du paracétamol et j’attendais. Après vingt à trente minutes de clignotement dans un œil, ma vision redevenait claire et le mal de tête arrivait. Un seul hémisphère, gauche ou droit. Je notais, pour voir si l’un dominait. D-D-G-D-G-G-D… Je notais, sans m’inquiéter de la fréquence de ces épisodes migraineux, jusqu’à 3 ou 4 par semaine. Je vivais avec, sans comprendre que mon corps me lançait ainsi un cri d’alarme.
Ce jeudi 9 janvier, la migraine est arrivée dès 8 heures, alors que j’attendais mon tour à la photocopieuse. Je me suis dit que la journée commençait mal. Et elle a été très longue, cette journée. Le deuxième épisode s’est produit vers 15 heures. J’étais en classe. Je me suis assise et, une fois de plus, j’ai fait comme si. Comme si tout allait bien. Comme si j’entendais clairement malgré les acouphènes dans mes oreilles. Comme si je pouvais supporter les voix, les bruits, l’agitation des élèves. Comme si la nausée n’existait pas. Comme si j’étais là alors que je n’y étais pas. J’étais en pilote automatique. Depuis longtemps, bien longtemps.
Lire la suite